«Sept ans d’absence de Paris, c’est assez longue pour parler de retour. Amalia Rodrigues a de nouveau son nom en lettres rouges accroché sur la façade de l’Olympia jusqu’à ce soir. Amalia n’a pas le souci de dissimuler ses soixante-cinq ans: le fado n’a pas de rides, elle le chante, le souffle, plus vacilant il est vrai, comme ce jour de 1956, où elle apparut pour la première fois sur la scene de… l’Olympia. Elle n’était que vedette américaine. Du jour au landemain, et en l’espace d’une dizaine de chansons, elle a supplanté la tête d’affiche. La presse ne jurait que par elle, et le public le faisait déjà une ovation debout.
Amalia Rodrigues est sans doute un cas unique dans la musique: trente ans plus tard, elle est toujours la seule vedette internationale de son Pays. Au Portugal, c’est un véritable monument : un double de ses plus grands succès récemment s’est vendu à 100 000 exemplaires en trois semaines. Compte tenu de la population de Portugal, du pouvoir d’achat et du prix du disque, c’est comme si une de nos stars vendait deux millions d’albuns en moins d’un mois! “Là-bas, je fais partie des meubles. Il y a quelques mois, je suis allée assister au spectacle d’un chanteur brésilien [Caetano Veloso, Lisboa, Coliseu dos Recreios] qui chante un de mes fados. Quand les 6000 personnes , des jeunes de 15 à 20 ans, ont su que j’était-là, ils m’ont fait la plus belle ovation de ma vie.”
Rémy Kolpa Kopoul, «Amalia Rodriguez Lady sings the fado», Libération, Paris, 14-15 de Setembro de 1985.
Amália Rodrigues: a vida é um longo adeus 